Via garona : Carnets de marche n°2
DE NOE A Saint-Martory

Noé – Carbonne – Rieux-Volvestre – Cazères – Palaminy – Martres-Tolosane – Boussens – Saint-Martory

La météo annonce de grandes chaleurs dans les jours à venir. Les températures vont grimper, à mesure qu’un soleil plus franc dissipera les nuages. Me voici prévenu. Cette fois, j’ai trouvé le courage d’un lever aux aurores. Mon sac, vidé la veille, est refait en prévision d’une marche à découvert. Les gourdes seront à portée de main, la crème solaire aussi, et un carré de tissu-éponge pour m’essuyer le visage.
Via Garona: rangement du matin- Olivier Bley
Au marché de Carbonne, les paysans n’ont pas encore garni leurs étalages. Je contemple le fleuve, les coudes appuyés au garde-corps presque froid. Vers l’amont, la vallée est creusée dans la molasse, un grès tendre mêlé d’argile. C’est une roche friable, très sensible à l’érosion. Les zones en bordure de falaise sont inconstructibles.
Via Garona: Esplanade Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Esplanade Carbonne- Olivier Bley
Je déambule dans Carbonne sans rencontrer âme qui vive. C’est l’inconvénient des départs matinaux : on marche au frais et au calme, mais l’on marche seul ; on parcourt des rues vides, au beau milieu de la chaussée, sans déranger aucune voiture. Les commerces n’ont pas encore levé le rideau. En revanche, de jolies façades accrochent le regard du piéton curieux.
Via Garona: Halle Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: _Boîte à lire de la Halle Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Façade fantasque Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Façade ornée Carbonne- Olivier Bley
Comme je le craignais, la chapelle Saint-Jacques est fermée. Idem, l’église Saint-Laurent qui garde ainsi le secret du tabernacle de son maître-autel, en marbre de Saint-Béat. Les carrières de ce village du Comminges sont exploitées depuis l’Antiquité.
Via Garona: Chapelle Saint-Jacques Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Chapelle Saint-Jacques Carbonne- Olivier Bley

Une pierre usée. Témoignage émouvant des milliers de fidèles qui, d’âge en âge, ont franchi le seuil de cette chapelle du XVIIe siècle. Située à l’intérieur des remparts, elle permettait aux chrétiens d’assister à la messe sans quitter l’abri de la cité.

Via Garona: Église Saint-Laurent Carbonne- Olivier Bley

Au contraire, l’église paroissiale Saint-Laurent se trouvait hors des fortifications.

Via Garona: Église Saint-Laurent Carbonne- Olivier Bley
Il est rare, de nos jours, qu’un lieu de culte catholique soit accessible en dehors des offices. Je le déplore car j’ai connu l’époque où, au contraire, on pouvait pousser la porte des églises à toute heure du jour et de la nuit. Mes regrets vont aussi aux petits cafés, nombreux dans les villages, remplacés de nos jours par des agences immobilières et des salons de coiffure. La première mesure que je voterais, si j’entrais au gouvernement, serait d’instaurer une subvention pour l’ouverture ou le maintien, dans chaque village, d’un bistrot et d’une boulangerie — des commerces précieux s’il en est.

Mais trêve de lamentations. Le sculpteur André Abbal a son musée tout près, entouré d’un parc de statues dont la grille, par miracle, joue librement sous ma main.

André Abbal (1876-1953), un enfant du pays mort à Carbonne, pratiquait la sculpture en taille directe, c’est-à-dire en maniant le burin directement sur la pierre. Sa tombe se trouve dans l’enceinte du musée.

Une nouvelle fois, je franchis la Garonne et retrouve le sentier au bas du pont.
Via Garona: La Garonne à Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Pont du jumelage- Olivier Bley
Des pêcheurs sont à l’œuvre, l’épuisette pendue à la ceinture, leurs cuissardes enfoncées jusqu’en haut dans l’eau verte.
Via Garona: Pêcheur de la Garonne- Olivier Bley
Via Garona: Pêcheur de la Garonne- Olivier Bley
Via Garona: Pêcheur de la Garonne- Olivier Bley
J’engagerais volontiers la conversation mais je suis attendu. Je dois retrouver le céramiste Sylvian Meschia dans sa ferme-atelier, au milieu des collines qui surplombent Rieux-Volvestre. Le rendez-vous est fixé en fin de matinée. Or, plus j’avance, plus l’horaire me semble difficile à tenir. C’est un peu distraitement, je l’avoue, que j’ai étudié la carte, en négligeant le relief vigoureux qui enserre ici la Garonne. À preuve, ces superbes points de vue que dégage chacune des montées que j’affronte depuis le matin.
Via Garona: Belvédère Carbonne- Olivier Bley
Via Garona: Vue plongeante église Saint-Laurent - Olivier Bley

L’église Saint-Laurent depuis le sommet des falaises de la Garonne.

Via Garona: Chèvres - Olivier Bley
Via Garona: Panorama collines Rieux Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: Champs - Olivier Bley
Via Garona: Observatoire des champs - Olivier Bley

Ces coupoles flanquant une ferme en activité sont pour moi une énigme. J’aimerais rencontrer ce paysan épris d’étoiles.

Pour finir, Sylvian Meschia roule à ma rencontre au volant d’un vieux camping-car. De quoi raccourcir la marche et prolonger mon séjour dans l’atelier, à la découverte des créations magiques du céramiste, à l’écoute de son histoire et des récits dont chaque pièce semble dépositaire.

Interviews d'Artistes

Un simple bol, né sur le tour des doigts de l'artiste
Le céramiste détaille sa formation cosmopolite et ses années d'apprentissage
Sylvain Meschia dévoile l'une de ses techniques utilisée pour la série "écritures"
L’artiste me régale d’un délicieux repas, face aux Pyrénées nuageuses. Je m’attarderais bien, mais le sentier m’appelle.
Via Garona: déjeuner chez Meschia - Olivier Bley
Via Garona: Balcon des Pyrénées - Olivier Bley
On m’a promis des vues plongeantes sur Rieux-Volvestre, pendant la descente. Étape majeure sur la Via Garona, Rieux-Volvestre est l’une des trois villes de Haute-Garonne pourvue d’une cathédrale. Son clocher culmine à 43 mètres, un immeuble de 14 étages ; on l’aperçoit de loin, dominant le paysage boisé et offrant un repère aux pèlerins qui s’acheminent vers la cité épiscopale. Pourtant, je touche au but sans en avoir rien vu ou presque. Aurais-je dévié de la trace ?

Enfin, le superbe campanile octogonal émerge des feuillages.
Je viens de quitter Sylvian Meschia, mais ses formes et ses couleurs continuent d’imprégner le décor. La cité porte partout son empreinte : des carreaux de céramique bleue émiettés sur les ogives du porche, d’autres disséminés sur la façade de la mairie, une frise inspirée des Mille et une nuits courant sur les murs de l’ancien séminaire…
Via Garona: décor Meschia porche cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: décor Meschia porche cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley

Créée d’après une maquette au tiers en carreaux céramiques, l’œuvre de Sylvian Meschia est fixée sur un support enchâssé dans les ogives du porche de la cathédrale.

Je pénètre dans la cathédrale de la Nativité-de-Marie pour trouver un peu de fraîcheur.
Via Garona: cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: cathédrale Rieux-Volvestre - Olivier Bley

Les fonds baptismaux de la cathédrale.

Debout, je brandis mon micro dans le chœur des chanoines. Puis j’écoute l’enregistrement et comprends qu’il est inexploitable : sous les voûtes de la cathédrale et en l’absence de visiteurs, le silence est si pur qu’il n’y a rien à entendre.

C’est tout le village, d’ailleurs, que la chaleur de ce début d’après-midi semble figer. Les passants rasent les murs. Comme eux, j’emprunte cette étroite bande de goudron où se ramasse un peu d’ombre.

Où aller, quand le soleil tape si dur ? Par exemple sous la halle ou sur les berges caillouteuses de l’Arize, la rivière qui enclôt Rieux dans ses méandres.
Via Garona: la Halle de Rieux - Olivier Bley
Via Garona: la Halle de Rieux - Olivier Bley
Via Garona: Chapelle Notre-Dame de Bonne Garde - Olivier Bley

La chapelle Notre-Dame de Bonne Garde, édifiée sur la pile centrale du pont d’Auriac. Chaque 14 août, une procession lui rend hommage.

Via Garona: Le Moulin de Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona: Le Moulin de Rieux-Volvestre - Olivier Bley

L’ancien moulin, établi sur l’Arize, est presque indiscernable sous les amenagements récents.

 On s’abriterait volontiers dans la Tourasse, ce bâtiment du XIIIe siècle à l’étrange destinée, successivement hôtel particulier, maison commune, prison et théâtre ; mais la vénérable bâtisse est en chantier.
Via Garona : la Tourasse - Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona : la Tourasse - Rieux-Volvestre - Olivier Bley
Via Garona : la Tourasse - Rieux-Volvestre - Olivier Bley
La traversée de Rieux m’a offert un voyage dans le temps que je poursuis, que j’approfondis plutôt, en abordant l’archéosite « le village gaulois » situé à proximité. Une reconstitution vivante, érudite et distrayante à la fois, d’un village de nos ancêtres.
Via Garona : Archéosite scène de rue - Olivier Bley
Via Garona : Archéosite scène de rue - Olivier Bley
Via Garona : Archéosite scène de rue - Olivier Bley
À la fois écomusée, parc culturel et parc archéologique, le village gaulois abrite derrière sa porte fortifiée des maisons d’habitation et des ateliers d’artisanat, les deux souvent confondus puisqu’à l’époque, nos ancêtres vivaient là où ils travaillaient.
C’est un espace qu’on parcourt à pied, en suivant des sentiers frayés dans la forêt. Les neuf hectares du site se déploient en effet dans une chênaie bordée d’un côté par la Garonne, de l’autre par une falaise abrupte.
Via Garona: Chênaie du village gaulois- Olivier Bleys
Via Garona: Les coracles 1- Olivier Bleys
Via Garona: Les coracles 1- Olivier Bleys

les coracles sont des bateaux-paniers, de forme circulaire, autrefois en usage chez les Gaulois

Via Garona: Le sanctuaire 1- Olivier Bleys
Via Garona: Le sanctuaire 1- Olivier Bleys

Le sanctuaire, adossé à la falaise, domine l’ensemble du village.

En chemin, on rencontre le forgeron, le bronzier ou la tanneuse qui nous initient volontiers à leur art, démonstrations à l’appui.
Via Garona: L'atelier du bronzier- Olivier Bleys
Via Garona: L'atelier du bronzier- Olivier Bleys
Le tourneur d'assiettes

le tourneur d’assiettes réalise des plats en sculptant au tour diverses essences de bois.

la tanneuse initie les visiteurs à la préparation des peaux et à la teinture végétale naturelle.

Via Garona: La monnaie gauloise - Olivier Bleys

L’un des ateliers les plus originaux concerne la monnaie, puisque chaque visiteur est invité à frapper sa propre pièce.

Histoire de la monnaie gauloise
L'atelier frappe de monnaie
Que cette reconstitution, menée sur dix ans, soit l’œuvre d’un groupe d’amis partageant la passion de l’histoire et du monde celtique attire évidemment la sympathie.
Via Garona: Photos du chantier 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Photos du chantier 2 - Olivier Bleys
Via Garona: Toit en chaume 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Toit en chaume 2- Olivier Bleys

Le seigle qui coiffe les toitures est moissonné en été, mis à sécher dans les champs puis stocké en gerbier. C’est à l’automne qu’on pose le chaume sur les toitures.

De Rieux à Cazères s’étend une campagne sans grand attrait pour le marcheur. À Carbonne, le fleuve bouillonnant avait des allures de torrent montagnard. À Cazères, il s’élargit et s’étale ; on croirait presque un plan d’eau.
Via Garona: Entrée Cazères- Olivier Bleys
Via Garona: La Garonne à Cazères- Olivier Bleys
C’est dans ce miroir liquide que la Maison de la Garonne a choisi de se mirer. Établie dans un ancien hangar à bateaux, la Maison est vouée tout entière au fleuve, son histoire, son géographie, ses usages d’hier et d’aujourd’hui.
Via Garona: Maison Garonne 1- Olivier Bleys
Via Garona: Maison Garonne 2 - Olivier Bleys
Via Garona: Maison Garonne 3 - Olivier Bleys
Le bâtiment lui-même a une histoire, qu’un des acteurs du projet m’avait livrée, lors d’une visite antérieure :
Le premier étage de la Maison dispose d’un grand espace scénographique, avec vue sur le fleuve. Des expositions temporaires s’y déploient dans une atmosphère fluide et bleutée tissée par les projecteurs vidéo.
Présentation de la maison Garonne
Exposition à la maison Garonne
Je suis descendu au rez-de-chaussée, dans le vaste préau dont un côté fait balcon sur la Garonne et l’autre moitié vibre, le soir venu, de petits concerts organisés par la guinguette locale. Il est encore tôt, mais les musiciens font déjà leurs gammes face aux tables qui se remplissent.
Via Garona: Ruisseau du Bernès- Olivier Bleys
Via Garona: Ruisseau du Bernès au couchant- Olivier Bleys
Via Garona: Ruisseau du Bernès au lever du soleil- Olivier Bleys

Le ruisseau du Bernès sous différentes lumières.

Via Garona: Fontaine du Bourguet 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Fontaine du Bourguet 2 - Olivier Bleys
Le lavoir de Cazères

La fontaine du Bourguet est réputée ne jamais tarir. De fait, malgré la sécheresse estivale, c’est un copieux jet d’eau qui jaillit des pierres.

Je dispose d’un peu de temps pour flâner dans les rues du village, mon appareil photo en bandoulière. Plus la soirée avance, plus la lumière embellit. En revenant demain matin sur les mêmes lieux, j’espère capter le jeu mouvant des ombres sur les façades, les coloris changeants de la pierre ou du crépi selon la course du soleil.
Via Garona: Porte des deux chiens à Cazères - Olivier Bleys

La porte des deux chiens. Ces molosses en terre cuite sont censés veiller sur la ville.

Via Garona: Cinéma à Cazères - Olivier Bleys
Via Garona: Cloître des Capucins à Cazères - Olivier Bleys

Après avoir accueilli un pensionnat pour jeunes filles et un hôpital de guerre, l’ancienne chapelle des Capucins abrite aujourd’hui un cinéma d’art et d’essai.

Entre autres trésors, l’église Notre-Dame de l’Assomption abrite une « croix de coquilles » en pierre du XVIe siècle. Dans une chapelle dédiée à saint Jacques, de nombreux objets évoquent la confrérie des pèlerins.
Via Garona: Église Notre-Dame la chapelle Saint-Jacques 1 - Olivier Bleys

Un buste reliquaire de saint Jacques en bois doré et peint, daté de 1653.

Via Garona: Église Notre-Dame la chapelle Saint-Jacques 2 - Olivier Bleys
En sortant de l’église, je tends l’oreille : un haut-parleur diffuse des chansons de variétés. Un loto se tiendra ce soir sous la halle. Des employés municipaux sont en train d’aligner tables et chaises et de régler la sono.
Via Garona: Halle de Cazères 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Halle de Cazères 2 - Olivier Bleys
Le montage du Loto de Cazères
En aval de Cazères, une promenade cimentée longe la Garonne sur près d’un kilomètre. En amont, une fois passé le boulodrome et la boucle sportive, il n’y a plus rien.
Via Garona: Boulodrome Cazères - Olivier Bleys
Via Garona: Galet de Garonne- Olivier Bleys
… rien qu’un sentier de terre s’enfonçant sous les arbres. Par endroits, les branches s’écartent et laissent entrevoir des îlots de cailloux sur le fleuve.
Via Garona: Retenue de Labrioulette à Cazères 1- Olivier Bleys
Via Garona: Retenue de Labrioulette à Cazères 2- Olivier Bleys
Via Garona: Retenue de Labrioulette à Cazères 3 - Olivier Bleys
 Puis mes semelles retrouvent le goudron en entrant dans Palaminy, une ancienne bastide à l’allure austère.
Via Garona: Promenade Garonne à Palaminy - Olivier Bleys
Via Garona: Promenade Garonne à Palaminy - Olivier Bleys
Ce paysage, je voudrais l’admirer depuis le ciel. Justement, j’ai rendez-vous à l’aérodrome de Cazères-Palaminy que ma carte situe à proximité, bien qu’il soit difficile à repérer depuis le sol. C’est le ronron des avions qui me guide vers le terrain d’aviation : une vaste pelouse ; un hangar et une petite maison.
Les avions en l'air
Cet aéroclub a une histoire peu commune. Je n’en connais pas beaucoup dont les adhérents aient eux-mêmes défriché la piste et construit les bâtiments avec des matériaux de récupération ; où les leçons de pilotage soient dispensées gratuitement par des pilotes de métier ; où il incombe aux bénévoles, encore, de tondre la pelouse et d’entretenir les appareils. Une leçon de ferveur et d’engagement.
Histoire d'un aéroclub
Le club au pied des montagnes
Ma fille Alice, qui m’accompagne ce matin, fait son baptême de l’air. La naissance peut-être d’une vocation ?
Les avions au sol
La chaleur générant des turbulences au-dessus du relief, le pilote a renoncé à survoler les Pyrénées. C’est la canicule aussi qui infléchit mon itinéraire des champs vers les forêts, de la route goudronnée vers le fleuve, du trottoir ensoleillé vers le trottoir à l’ombre.
Via Garona: Dans la campagne - Olivier Bleys
J’entre dans Martres-Tolosane, et c’est une bonne chose. Je crois qu’à cette capitale régionale de la faïence, j’associe inconsciemment des idées de poli et de fraîcheur.
Via Garona: Entrée Martres-Tolosane - Olivier Bleys
« Faïence de renom, bastide d’exception » proclame, dans un style désuet, un panneau publicitaire lui-même assez défraîchi. De fait, plus j’approche du village, plus s’affiche la tradition faïencière de Martres-Tolosane. Cinq ateliers perpétuent aujourd’hui cet artisanat séculaire.
Via Garona: Céramiques Martres-Tolosane 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Céramiques Martres-Tolosane 2 - Olivier Bleys
Via Garona: Céramiques Martres-Tolosane 3 - Olivier Bleys
Coup d’œil, en passant, au garage « Voke frères » qui a servi de décor au film « L’été en pente douce ». Il semble que son propriétaire actuel, pour appâter les touristes, ait repeint à neuf les lettres de l’enseigne.
Via Garona: Garage Voke frères- Olivier Bleys
Via Garona: Le garage dans le film _L'été en pente douce- Olivier Bleys

Le garage Voke Frères, tel qu’il apparait dans le film

Nichée au cœur du village, la bastide primitive affecte la forme d’une coquille de noix. Sur la place centrale se concentrent des bâtiments remarquables : l’ancienne halle aux grains, le grand presbytère devenu salle d’exposition et l’église Saint-Vidian.
Via Garona: Place Henri Dulion 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Place Henri Dulion 2 - Olivier Bleys
Via Garona: Place Henri Dulion 3 - Olivier Bleys
Son clocher aigu pointe dans le ciel des rues alentour. Impossible de le perdre de vue.
Via Garona: Église Saint-Vidian 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Église Saint-Vidian 2 - Olivier Bleys
Via Garona: Rue du clocher - Olivier Bleys
Je fais plusieurs fois le tour de la bastide, dans un sens et dans l’autre. Les rues ont des noms évocateurs, inscrits sur de gracieuses plaques de faïence.
À l’intersection du boulevard du Nord et de la Grand-Rue de l’Église se dresse une colonne carrée d’un aspect peu commun. Je pense au style d’un cadran solaire géant. C’est en réalité un monument à la gloire des pierres, ardoise, marbres, talc et autres, dont cette colonne feuilletée offre un large échantillon.
Via Garona: Pilier pierres Martres-Tolosane 1- Olivier Bleys
Via Garona: Pilier pierres Martres-Tolosane 2- Olivier Bleys
Via Garona: Pilier pierres Martres-Tolosane 3- Olivier Bleys
Via Garona: Pilier pierres Martres-Tolosane 4- Olivier Bleys
On m’a signalé, parmi les curiosités de second ordre, un gracieux petit pont métallique qui franchit la Garonne à Boussens. Pour le trouver, je me suis franchement écarté du sentier, longeant en plein soleil une départementale rectiligne que les voitures enfilent à toute vitesse. Ai-je bien fait ? Sur le moment, j’en doute.
Via Garona: Pont Boussens 1- Olivier Bleys
Via Garona: Pont Boussens 2- Olivier Bleys
Via Garona: Pont Boussens 2- Olivier Bleys
Mais Boussens me réservait une surprise : une fête country que je n’avais pas repérée, sur la place centrale du village. Mon chapeau australien se fond harmonieusement aux Stetsons des cow-boys venus assister à l’événement. Les drapeaux étoilés, les trikes (motos à trois roues) et coupés rutilants, les chemises rouge vif, les boucles de ceintures dorées… mon appareil photo se délecte.
La passerelle piétonne ne valait peut-être pas le détour. Mais le cours collectif de danse country, lui, méritait bien des kilomètres en plus. Chapeau bas, d’ailleurs, aux danseurs qui ont ouvert la piste juste après déjeuner, alors qu’il régnait sur les planches une température à faire fumer les bottes !
Via Garona: Cours de danse fête country 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Cours de danse fête country 2 - Olivier Bleys
Cours danse fête country Boussens
J’ai bu deux litres depuis le matin, et ça ne me suffit pas. L’eau coule toujours dans les cimetières : c’est donc au robinet des arrosoirs que je remplis mes gourdes, les vide goulûment, les remplis à nouveau.
Via Garona: Pause au cimetière 1 - Olivier Bleys
Via Garona: Boîte à lire du pèlerin - Olivier Bleys
Le robinet du cimetière
Juste avant Saint-Martory, le sentier fait un crochet inattendu qui inflige une rude montée au marcheur. C’est comme un caprice. Mais, en prenant ainsi de la hauteur, il dévoile un point de vue superbe sur les Pyrénées. La chaîne frontalière se cache depuis mon départ de Toulouse, brumeuse les jours de beau temps, ennuagée les jours de pluie. Cette fois, je peux enfin contempler les montagnes que je ne pensais pas si proches.
Via Garona: Premier aperçu des Pyrénées - Olivier Bleys

Les Pyrénées depuis le chemin de Montpezat, au-dessus de Saint-Martory

Après une courte descente par le chemin de Montpezat, me voici dans le bourg historique de Saint-Martory. Il occupe la rive gauche de la Garonne, au pied du front rocheux de l’Escalère. En l’abordant ainsi, depuis le relief, c’est comme si l’on atterrissait d’un vol en parapente.
Via Garona: Arrivée Saint-Martory- Olivier Bleys
Entourée de bâtiments peu élevés, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption saisit par sa verticalité. Impossible de prendre assez de recul pour la cadrer à l’italienne.
Via Garona: Église Saint-Martory 1- Olivier Bleys
Via Garona: Église Saint-Martory 2- Olivier Bleys
Via Garona: Église Saint-Martory 3- Olivier Bleys
Un effet peut-être accentué par le menhir néolithique dressé près du monument. Cette dalle calcaire de 4 mètres de hauteur a longtemps servi de banc de ferme, avant d’être exposée à la curiosité des fidèles.
Via Garona: Menhir Peyro-Hitto- Olivier Bleys

Le menhir Peyro-Hitto porte le nom du quartier où il a été découvert, sur la route de Saint-Martory à Montsaunes.

En face de l’église, une maison a conservé une publicité peinte sur sa façade, pâlie par les années et les intempéries. Le cliché rejoint ma collection de réclames murales, photographiées depuis Toulouse.
Je franchis la Garonne vers les quartiers récents de Saint-Martory, établis sur la plaine alluvionnaire du fleuve. Le village doit beaucoup à ce pont maçonné du XVIIIe siècle, parfait ornement de carte postale. Ses trois piles à éperons, dites « à avant-bec », sont conçues pour dévier les corps flottants.
Via Garona: Pont de Saint-Martory 1- Olivier Bleys

Le pont au lever du soleil.

Via Garona: Pont de Saint-Martory 2- Olivier Bleys

Une des trois arches du pont vers la fin d’après-midi.

Via Garona: Pont de Saint-Martory 3- Olivier Bleys
Une porte avec fronton donne accès au bourg.
Via Garona: Fronton pont de Saint-Martory - Olivier Bleys
Ce soir, je suis logé chez un couple laotien, aux confins du village. Le propriétaire, un storiste à la retraite, m’apprend qu’il a construit sa maison tout entière, jusqu’aux portes et aux fenêtres fabriquées par ses soins. Mes hôtes cultivent aussi un jardin luxuriant. Madame Nhu Lien remplit mon sac à dos de nashis, des pommes-poires. « Pour la route », précise-t-elle avec un sourire de bonze, gai et malicieux.

Me voici ravitaillé pour les dernières étapes sur la Via Garona.